Synopsis

Enserrés dans le carcan des règles de la mondialisation libérale, ligotés par l’approche d’échéances électorales, les Etats-Nations peinent à réformer leurs pays respectifs. Ils semblent avoir perdu tout réel pouvoir. En conséquence, les élections démocratiques paraissent perdre leur légitimité : à quoi bon voter pour des partis qui ne peuvent rien pour nous ? D’où une tendance au repli des électeurs vers des mouvements populistes et nationalistes.

Si ces Etats ont perdu le contrôle de leur propre territoire, comment pourraient-ils affronter des problèmes d’envergure planétaire ? La coopération internationale a atteint ses limites et le temps nous manque pour éviter une catastrophe écologique majeure. En conséquence, c’est le concept d’Etat-Nation qui semble dépassé. Pour aborder des enjeux mondiaux, il faut se doter d’un cadre décisionnel démocratique planétaire : la Fédération Universelle.

Ni de gauche, ni de droite, la Fédération Universelle est le cadre politique nous permettant de reprendre notre destin en main. Si vous rangez ce livre dans votre bibliothèque après l’avoir seulement parcouru, il n’aura pas atteint son objectif. Il représente un argumentaire de mobilisation et un instrument de combat.

Points de vente : Sauramps Le Triangle et Amazon

dimanche 1 juin 2014

En 24 ans, nous produirons et consommerons plus que tout ce qui a été produit depuis le début de la révolution industrielle

Débats autour de "La fin des Etats-Nations" : La production cumulée

Avec un taux de croissance du PIB mondial de 3%, nous produirons d'ici 2037 plus que tout ce que nous avons produit depuis l'an 1700. Et d'ici 2051, ce sera le double.

Du moins si notre système économique est éternel, et qu'une croissance telle que nous la connaissons aujourd'hui (plus de 3%) est viable à long terme. La planète est-elle capable de nous fournir autant, voire le double, de tout ce qu'elle nous a apporté depuis le début de la révolution industrielle ? Il semble que bien peu de monde se pose la question.

Peut-être parce que la réponse, bien qu'évidente, implique d'admettre que le système dans lequel nous vivons est condamné à court ou moyen terme. La nécessité du profit immédiat nous aveugle, et renvoie tous ceux qui prétendent changer de système dans le camp des farfelus, des doux dingues, voire des individus dangereux.

Pourtant, les chiffres cités plus haut n'ont rien de polémique : ils sont issus de la simple formule des intérêts composés, que tout élève de Terminale Eco est censé connaître. Pour ceux qui douteraient de ces calculs - le doute étant par ailleurs légitime -, vous trouverez ci-dessous le tableau explicatif, dont les sources proviennent de la Banque Mondiale et de la très sérieuse étude de T. Piketty ("Le capital au XXIème siècle").

Le but de cet article n'est pas de faire du catastrophisme. Il s'agit seulement d'ouvrir les yeux, et de construire le monde d'après plutôt que de le subir.


Note technique :
Il n'y a pas équivalence entre produit intérieur brut (PIB) et production de marchandises  (matières premières, énergie...). Pour être tout à fait exact, il faudrait retirer à ces données la production de services (données non disponibles). Cependant, la part des services dans le PIB étant relativement stable - comprise entre 11,8 et 12% depuis 2007 -, le taux de croissance de la production de marchandises  reste globalement identique à celui du PIB.
Pour affiner encore le propos, il faudrait également retirer la production issue de ressources renouvelables ainsi que le recyclage. Il est cependant peu probable que cela modifierait profondément les ordres de grandeur des taux de croissance indiqués ci-dessus.
Mode de calcul :
Vous trouverez donc ci-dessous divers éléments permettant à tout un chacun de contrôler la réalité des résultats donnés. Il ne s’agit ici que d’éléments techniques qui n’intéresseront que les plus acharnés d’entre vous – ou les élèves de Terminale ES souhaitant préparer le BAC ! -, mais il m’a semblé important d’expliquer les résultats obtenus dans le tableau de cet article. 
Ce qu’il faut simplement retenir, c’est que les nombres en noir et en rouge sont des constats des années passées, tandis que ceux en bleu sont obtenus en imaginant que l’on ait une croissance de 3% par an à partir de 2013. Les deux premières colonnes (en noir) sont issues de l’étude réalisée par T. Piketty dans son ouvrage « Le capital au XXIème siècle ». Notons que cet auteur est pressenti pour le prix Nobel d’économie pour ce travail.





jeudi 29 mai 2014

Le paradoxe du nénuphar appliqué à la croissance

Débats autour de "La fin des Etats-Nations" : Le paradoxe du nénuphar appliqué à la croissance.

Notre système économique est entièrement basé sur la croissance du PIB. A l’échelle mondiale, elle est en moyenne largement supérieure à 3% par an depuis 1950. Question : avec une croissance de 3%, en combien de temps double-t-on le PIB mondial ? 

Réponse : en 25 ans ! Autrement dit, si nous voulons maintenir le système économique actuel, alors la production mondiale devra doubler d’ici 25 ans, et quadrupler dans 50 ans. D’où la question toute bête : la planète est-elle capable de nous fournir 4 fois plus que ce que nous produisons aujourd’hui ? 4 fois plus d’énergie, 4 fois plus de matières premières, etc. ? 

Attention, vous n'avez que deux réponses possibles : 

- Oui, la planète peut produire 4 fois plus qu’aujourd’hui (et 8 fois dans 75 ans, 16 fois dans un siècle…). C’est bien ! Vous êtes quelqu’un de très optimiste ! 

- Non, c’est complètement illusoire. Pas bien ! Vous êtes un défaitiste ! Parce qu’en répondant non, vous admettez qu’il est impossible de maintenir une croissance de 3%. Vous êtes donc en train de dire que le système économique dans lequel nous vivons ne peut que s’effondrer dans moins de 50 ans. Et ça, c’est complètement impossible, voyons ! 

Petit rappel pour ceux qui pensent que j’exagère : 
- Entre 1973 et 2012, la croissance mondiale n’a pas été de 3%... mais de 4,2% 
- Le PIB mondial a doublé entre 1913 et 1950, malgré 2 guerres mondiales (37 ans) 
- Il a triplé entre 1950 et 1973 (23 ans) 
- Doublé entre 1973 et 1998 (25 ans) 
- Doublé entre 1998 et 2010 (12 ans) 

Source : Banque Mondiale 

La question n’est donc pas de savoir si le système va s’écrouler, mais quand. Et par conséquent, il est de notre devoir d’imaginer dès maintenant comment définir le vivre ensemble dans le monde d’après. En bref, de réfléchir à une gouvernance globale de la planète. Que ceux qui pensent qu'il serait temps de s'intéresser à cette problématique partagent cette page !

mercredi 28 mai 2014

Le paradoxe du nénuphar.

Débats autour de "La fin des Etats-Nations" : Aujourd'hui, le paradoxe du nénuphar.

Vous possédez un lac, et tout au milieu, vous apercevez un petit nénuphar. Vous savez que sa surface double tous les jours, et qu'au bout d'un an, il aura recouvert tout le lac et étouffera toutes les autres plantes. Mais pour l'instant, il est tout petit, et il est difficile d'accès. Vous décidez d'attendre qu'il recouvre la moitié du lac pour l'enlever, ce qui vous laissera suffisamment de temps pour réagir. 

Question : combien de temps vous êtes-vous laissé ? 

Réponse : un seul jour... En effet, comme le nénuphar double de surface chaque jour, lorsqu'il aura atteint la moitié de la surface du lac, il le remplira complètement le lendemain. Morale de l'histoire ? Essayez d'appliquer ce principe à tout ce qui est censé avoir une croissance exponentielle : le PIB, l'exploitation des ressources naturelles, la concentration en gaz à effet de serre, etc. Même si le taux de croissance est moins élevé, l'effet cumulatif provoque des effets spectaculaires au bout de quelques années. Et le temps de réaction devient brutalement insuffisant. 

 A méditer !

mardi 15 avril 2014

Article paru en avril 2014 dans la revue "Cultures et sociétés"

C’est à une réflexion exigeante que nous convie Gilles Fabre dans ce livre mesuré et honnête. Dressant le bilan de la crise actuelle - ravages de l’ ultra-libéralisme, déculturation et montée de l’insignifiance -, ce passionné d’éducation observe la société actuelle avec une grande acuité.

Comment un jeune parviendra-t-il à s’épanouir dans un environnement dévasté par l’individualisme et la perte des repères ?

Qui sera vraiment capable d’affronter les enjeux du monde de demain ?

Ni les politiques ni la société de l’écran tout-puissant ne semblent en mesure d’apporter des réponses : « Nous vivons à la fois dans un monde nécessitant d’urgence une vision à long terme de l’avenir de notre planète, et dans un monde où les symboles de réussite sont la richesse, la futilité et la bêtise » (p.91)

Confronté à la carence des Etats-Nations, Gilles Fabre se réfère d'abord au nouveau sentiment communautaire émergeant sur internet, comme on a pu le voir pour Attac ou le Parti Pirate en Europe du Nord. Il se prononce, ensuite, en faveur de la création d’ « un Etat hors-sol », la « Fédération Universelle » qui s’attaquera « aux problèmes dépassant les compétences des Etats-Nations et permettra aux citoyens de reprendre leur destin en main »

On le voit, la question de l’avenir est au cœur de ce singulier livre dépourvu d’ idéologie ; l'auteur ne s'y limite pas à fournir des clés de compréhension nécessaires à la prise de conscience des problèmes ( « Nous devons redonner aux jeunes une chance de s’épanouir dans l’action collective, l’altruisme et le don de soi » , p. 92.) Après avoir cerné la réalité, Gilles Fabre propose une stratégie pour faire émerger la nouvelle « fédération universelle ». Sa démonstration rigoureuse s'accompagne d'une kyrielle de pistes et de jalons pratiques. La lire, c’est assister, en direct, à l’éclosion d’un projet de vie libre pour les hommes et les femmes de demain.

dimanche 6 avril 2014

Article paru le 23 mars 2014 dans "L'Hérault du jour"

Auteur : Thierry Arcaix

Titre : Gilles FABRE et la fin des Etats-Nations

Sous-titre : Si les hommes politiques ne sont pas capables de contrôler le système économique, ils ne sont pas non plus capables d'agir face aux défis planétaires. Rencontre.

Né en 1971 à Montpellier, titulaire d'un DEA d'algèbre et d'un CAPES de mathématiques, Gilles Fabre commence sa vie professionnelle dans l'enseignement. D'abord professeur en lycée et collège, il se rend vite compte "qu'il n'est pas fait pour ça". Il monte alors sa propre entreprise, Pythagore France, vouée au soutien scolaire et à la formation continue. Et depuis vingt ans, ça marche. Il offre ses services à la France entière, recrutant les professeurs et les envoyant à domicile, pour du soutien scolaire allant du CP à l'Université. En formation continue, au travers du DIF (Droit Individuel à la Formation), Pythagore France perfectionne par exemple les travailleurs du BTP en français, lecture et écriture, initie le public à l'informatique, mais aussi, dans le cadre des marchés publics, va jusqu'à perfectionner les militaires en anglais. Tout aurait pu en rester là, si notre chef d'entreprise ne s'était alors mis à penser. Explications.
Politiquement, Gilles Fabre se présente comme un féru d'écologie, de décroissance et de toutes les théories défendues par la gauche radicale. Sans adhérer pourtant à aucun des partis qui auraient pu l'accueillir, il va se lancer dans l'écriture d'un petit livre qui va lui permettre de construire ce qu'il nomme "une utopie pragmatique". Un intéressant ouvrage qui prend en quelque sorte tout le monde à contre-pied, surtout en cette période électorale : "La fin des Etats-Nations". "Une fin programmée", nous explique-t-il, "par le fait que l'action politique a perdu pied face à l'économie". Il constate que "les décideurs ne sont plus en capacité d'agir, que c'est l'économie qui dicte ses règles à la politique et non l'inverse". Gilles Fabre est persuadé qu'aucun autre choix ne sera possible tant qu'on restera dans le système actuel. Il fait donc naturellement le lien entre cette absence de pouvoir politique et les problèmes globaux tels que le réchauffement climatique, ou la diminution de la biodiversité.
Le pouvoir n'est plus là
"Je suis convaincu", martèle Gilles Fabre, "que si les hommes politiques ne sont pas capables de contrôler le système économique, ils ne sont pas non plus capables d'agir efficacement face aux défis planétaires". Notre interlocuteur tient donc ici la preuve que les Etats-Nations ne sont plus l'échelle pertinente pour une bonne gouvernance mondiale. Et il argumente : "S'il y a de plus en plus d'abstention, c'est que les gens sentent bien que le pouvoir n'est plus là. Ils se sont aperçus qu'ils pouvaient élire n'importe quel candidat sans que le système global ne change". Gilles Fabre tient à préciser qu'il combat l'abstention, qu'il différencie la droite et la gauche, même s'il sait que les grandes lignes ne bougeront pas. Mais alors que faire ? Gilles Fabre ne désarme pas : "On peut agir à condition de réfléchir à la mise en place d'outils politiques globaux, à l'échelle planétaire. Je pense à cette conscience collective mondiale, qui s'est déjà organisée grâce à l'Internet". Il faut y voir, selon notre auteur, la face positive de la mondialisation, qui permet de discuter d'un bout à l'autre de la planète. "Grâce, entre autres, aux réseaux sociaux, continue-t-il, les points de vue se rapprochent et l'action politique peut bien se passer de frontières, faisant apparaître les problèmes communs, les ennemis communs". 
Construire un gouvernement mondial
On en arrive donc au sous-titre de ce livre, qui est "construire la Fédération Universelle", qui est un gouvernement mondial élu au suffrage universel. "Nous avons à notre disposition les moyens de communication adaptés et on ne peut attendre des gouvernements qu'ils cherchent à former une fédération mondiale". C'est donc à partir d'un "Etat hors-sol", absolument pas défini par des frontières, mais par des valeurs communes que Gilles Fabre voit l'avenir de la planète, selon ses propres mots.
"La communauté mondiale doit donc s'attacher à régler les problèmes planétaires, tels l'exploitation des ressources, les transports, l'agriculture et l'élevage" continue Gilles Fabre. Il faudra définir un ensemble de lois, un code des droits et des devoirs, qui certes, pourront entrer en conflit avec les pratiques actuelles, nous dit-il. Ce serait alors ainsi l'aventure de la démocratie, seule manière de valider les choix, de les redéfinir, de les adapter et de corriger les dérives. Ce serait ainsi, selon l'auteur, la manière de reprendre en mains un destin qui nous a échappé, d'éviter une catastrophe majeure. Avec ses nombreuses pistes d'actions pratiques, ce livre montpelliérain, pédagogique, remarquablement écrit, apporte incontestablement une certaine fraîcheur dans le large et parfois hermétique domaine des sciences politiques.
Interview réalisée à Radio Campus le 31 mars 2014

Vous trouverez ici le podcast de cette interview :

http://www.mixcloud.com/gillesfabre34/interview-la-fin-des-etats-nations-sur-radio-campus-le-31-03-14/
Article paru dans "C le mag" de février 2014

Auteur : Guillaume DUMAZER

Plus qu'un simple "l'union fait la force", ce livre pointe assez logiquement l'impossibilité pour les Etats (l'ONU ne suffit pas), de lutter contre des problèmes globaux, puisqu'ils se concentrent par définition sur des sujets nationaux sans jamais passer le cap du supranational. Mais dans ce cas quelle est leur utilité dans la course contre la destruction de l'environnement par exemple ?
C'est l'exemple de Stéphane HESSEL et son "Indignez-vous". AGIR, donc, que préconise l'auteur, quitte à passer pour un utopiste. D'après G. FABRE, ce livre "est à la fois un outil de réflexion, un argumentaire de mobilisation et un instrument de combat". Rien que ça. Mais pourquoi pas après tout ? C'est toujours ça de pris si quelques lecteurs sont motivés à sa lecture, marre des moutons dociles, d'autant qu'ici on ne parle au nom d'aucun parti corrompu (pléonasme ?) ! Cette Fédération - très optimiste et volontaire - est donc à réfléchir car jamais essayée avant, mais "tant que la spirale de la surconsommation perdurera, rien ne viendra freiner la destruction de la planète".
Limiter entre autres le capital transmissible à ses héritiers et ainsi éviter la concentration gigantesque d'argent et de richesses sans réel mérite serait une solution pour réduire l'effarante inégalité entre maxi-riches et très pauvres. Mais remettre ce genre de choses en question semble une véritable déclaration de guerre, fût-elle philosophique, contre un mode de vie qui dévore coeurs et consciences depuis au moins le XIXème siècle.
"Personne ne peut être exclu a priori de ce projet du fait de sa fonction ou de sa classe sociale", alors pourquoi ne pas s'impliquer si vous y adhérez ?